L’année dernière, j’envisageais ici que la hausse naissante des prix du pétrole que nous constations soit le premier signe annonciateur du pic de la production pétrolière. Ce phénomène (PeakOil en anglais) est le moment où la production pétrolière passera par un maximum avant de diminuer de façon inéluctable. Comme le pétrole, et en fait tous les combustibles fossiles, sont une ressource non renouvellable à l’échelle humaine, le peakoil est une certitude physique absolue. La question cruciale est de déterminer quand il aura lieu, exercice d’autant plus difficile que l’on aura vraisemblablement une certitude que plusieurs années après. Si le peakoil se produit dans 200 ans, cela ne nous concerne guère. S’il se produit dans 20 ans, nous avons juste le temps de nous y préparer. S’il se produit dans 2 ans, c’est branle-bas de combat ! En effet, il ne semble pas possible que la diminution de la consommation de pétrole puisse s’accompagner de la poursuite de la croissance économique (au moins à cours terme).
Pourquoi 2007 ?
A l’évidence, l’offre suffit à la demande en ce moment. Il n’y a pas de pénurie de part le monde (à part peut-être en Chine, mais c’est là plus le problème d’un manque d’infrastructures, notamment de transport). Les stocks des pays de l’OCDE se maintiennent à un peu plus de 50 jours de reserves. Les stock américains sont dans leur fourchette haute.
Les prévisions de demande de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont d’environ 1.8 millions de barils par jour (mb/j). Comme l’AIE sous-estime systématiquement la demande, considérons pour les 2 prochaines années une augmentation de la demande totale de 4 à 5 mb/j. Compte tenu de la déplétion naturelle des puits existants et des mises en exploitation prévues (entre 6 et 8 mb/j), on peut penser que l’offre suffira à la demande. Rien n’interdit d’imaginer également que la production Irakienne finisse par augmenter.
Mais en 2008, il sera probablement très difficile d’augmenter encore la production de 3 à 3.5 mb/j,
De moins en moins de personnes ayant sérieusement étudié la question pensent que le peakoil puisse se produire après 2020 (du moins avec les hypothèses ‘business as usual” : poursuite de la croissance économique mondiale, absence d’évènements catastrophiques majeurs). La date 2010 plus ou moins quelques années est maintenant couramment avancée. La différence entre ceux qui penchent pour une date très proche et ceux la pensent plus tardive repose en grande partie sur les capacités ou non de l’Arabie Saoudite d’augmenter encore sa production de façon significative.
Mais il faut bien comprendre qu’une augmentation (probablement faible) de la production jusqu’à 2015, par exemple, ne signifie pas que la demande pourra être satisfaite sur toute la période. Le scénario le plus probable est donc une succession de chocs pétroliers chaque fois que la demande sera contrainte par l’offre.
Dans l’hypothèse favorable, il n’y aura donc pas de problème majeur avant 2 à 3 ans. Mais on sent bien qu’un tel choc pétrolier provoqué par une rupture d’approvisionnement majeure peut maintenant se produire à tout instant. Le doute subsiste, mais beaucoup d’indices laissent penser que nous sommes dès à présent entrés dans la période de turbulence précédant le peakoil.
Médiatisation.
Je m’étonnais également il y a tout juste un an du peu d’échos rencontré en France par ce problème. Il semble que peu de choses aient changé :
- quelques interventions de Y. Cochet lors du débat sur l’énergie à l’assemblée au printemps dernier.
- quelques émissions de radio et articles dans la presse généraliste, généralement rassurants à moyen terme.
- une émission de télévision sur Canal plus ‘La fin du pétrole” où l’on a vu à quel point les politiques (F. Hollande et H. Gaymard) sous-estimaient les conséquences et les mesures à prendre.
- un excellent livre sur le sujet paru il y a quelques jours, mais qui ne semble pour le moment ne rencontrer que peu d’échos (“La vie après le pétrole” de J.L. Wingert aux éditions Autrement, déjà cité par un autre intervenant).
Par contraste, le peakoil est maintenant de plus en plus discuté à l’étranger. Juste un exemple : un Représentant républicain vient de faire il y a deux jours une présentation au congrès américain où il insiste sur l’aspect “terrifiant” des conséquences et l’urgence de la situation (Un récent rapport sponsorisé par l’agence américaine de l’énergie estime qu’il faudra des milliers de milliards de dollars et au moins 10 à 15 ans pour espérer une transition sans trop de casse dans le monde post-peakoil.
www.hilltoplancers.org/stories/hirsch0502.pdf )
http://www.energybulletin.net/4733.html
Je ne me hasarderai pas à produire ici des analyses précises qui seraient politiquement et surtout économiquement “incorrectes” et probablement rejetées comme irresponsables ou catastrophistes.
Mais il faudra bien un jour analyser crûment les conséquences économiques (parfois positives, mais le plus souvent négatives) d’une prochaine pénurie croissante et inéluctable des hydrocarbures.
Hervé
Pourquoi 2007 ?
A l’évidence, l’offre suffit à la demande en ce moment. Il n’y a pas de pénurie de part le monde (à part peut-être en Chine, mais c’est là plus le problème d’un manque d’infrastructures, notamment de transport). Les stocks des pays de l’OCDE se maintiennent à un peu plus de 50 jours de reserves. Les stock américains sont dans leur fourchette haute.
Les prévisions de demande de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont d’environ 1.8 millions de barils par jour (mb/j). Comme l’AIE sous-estime systématiquement la demande, considérons pour les 2 prochaines années une augmentation de la demande totale de 4 à 5 mb/j. Compte tenu de la déplétion naturelle des puits existants et des mises en exploitation prévues (entre 6 et 8 mb/j), on peut penser que l’offre suffira à la demande. Rien n’interdit d’imaginer également que la production Irakienne finisse par augmenter.
Mais en 2008, il sera probablement très difficile d’augmenter encore la production de 3 à 3.5 mb/j,
De moins en moins de personnes ayant sérieusement étudié la question pensent que le peakoil puisse se produire après 2020 (du moins avec les hypothèses ‘business as usual” : poursuite de la croissance économique mondiale, absence d’évènements catastrophiques majeurs). La date 2010 plus ou moins quelques années est maintenant couramment avancée. La différence entre ceux qui penchent pour une date très proche et ceux la pensent plus tardive repose en grande partie sur les capacités ou non de l’Arabie Saoudite d’augmenter encore sa production de façon significative.
Mais il faut bien comprendre qu’une augmentation (probablement faible) de la production jusqu’à 2015, par exemple, ne signifie pas que la demande pourra être satisfaite sur toute la période. Le scénario le plus probable est donc une succession de chocs pétroliers chaque fois que la demande sera contrainte par l’offre.
Dans l’hypothèse favorable, il n’y aura donc pas de problème majeur avant 2 à 3 ans. Mais on sent bien qu’un tel choc pétrolier provoqué par une rupture d’approvisionnement majeure peut maintenant se produire à tout instant. Le doute subsiste, mais beaucoup d’indices laissent penser que nous sommes dès à présent entrés dans la période de turbulence précédant le peakoil.
Médiatisation.
Je m’étonnais également il y a tout juste un an du peu d’échos rencontré en France par ce problème. Il semble que peu de choses aient changé :
- quelques interventions de Y. Cochet lors du débat sur l’énergie à l’assemblée au printemps dernier.
- quelques émissions de radio et articles dans la presse généraliste, généralement rassurants à moyen terme.
- une émission de télévision sur Canal plus ‘La fin du pétrole” où l’on a vu à quel point les politiques (F. Hollande et H. Gaymard) sous-estimaient les conséquences et les mesures à prendre.
- un excellent livre sur le sujet paru il y a quelques jours, mais qui ne semble pour le moment ne rencontrer que peu d’échos (“La vie après le pétrole” de J.L. Wingert aux éditions Autrement, déjà cité par un autre intervenant).
Par contraste, le peakoil est maintenant de plus en plus discuté à l’étranger. Juste un exemple : un Représentant républicain vient de faire il y a deux jours une présentation au congrès américain où il insiste sur l’aspect “terrifiant” des conséquences et l’urgence de la situation (Un récent rapport sponsorisé par l’agence américaine de l’énergie estime qu’il faudra des milliers de milliards de dollars et au moins 10 à 15 ans pour espérer une transition sans trop de casse dans le monde post-peakoil.
www.hilltoplancers.org/stories/hirsch0502.pdf )
http://www.energybulletin.net/4733.html
Je ne me hasarderai pas à produire ici des analyses précises qui seraient politiquement et surtout économiquement “incorrectes” et probablement rejetées comme irresponsables ou catastrophistes.
Mais il faudra bien un jour analyser crûment les conséquences économiques (parfois positives, mais le plus souvent négatives) d’une prochaine pénurie croissante et inéluctable des hydrocarbures.
Hervé
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