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L'aversion au risque pèse sur le dollar
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  • L'aversion au risque pèse sur le dollar

    La Tribune - édition du 20/04/05


    Les acteurs du marché des changes cherchent à nouveau frénétiquement la qualité. Ils redonnent leur chance aux monnaies refuges.

    Le marché des changes est gagné par une maladie récurrente qui provoque traditionnellement des réallocations de portefeuilles : l'aversion au risque, suscitée par les craintes de ralentissement de l'économie mondiale. Elle se traduit par un mouvement de recherche de la qualité, de "fuite", diraient les Anglo-Saxons, qui a encore pris de l'ampleur depuis que, le week-end dernier, le FMI a mis le monde en garde contre le risque de correction brutale des marchés financiers. Première victime : le dollar, qui a abruptement interrompu sa trajectoire de reprise. Affecté par le conflit commercial ouvert par les Etats-Unis à l'encontre de la Chine - le protectionnisme est toujours mauvais conseilleur pour une monnaie -, il l'est aussi par les déséquilibres persistants de l'économie de l'Oncle Sam, intimement associés au risque et qui, pourtant, étaient passés au second plan depuis le début de l'année.

    La livre sterling aux aguets. A l'inverse, les investisseurs se reportent sur les monnaies des pays qui dégagent de substantiels excédents de leurs balances commerciales. L'euro en a profité pour remonter et se maintenir au-dessus de 1,30 dollar depuis lundi, et le franc suisse a retrouvé son traditionnel rôle de valeur refuge, renouant avec son plus haut niveau depuis un mois face au billet vert. Le yen aurait pu faire partie du voyage, s'il n'était laminé par le conflit sino-japonais. Il a oscillé hier sans tendance entre 107 et 107,50 pour un dollar, les opérateurs ne prenant pas en compte l'inoxydable excédent courant du pays du Soleil-Levant.

    Parmi les autres devises affectées par l'aversion au risque, on retrouve les monnaies dites cycliques, à l'instar des monnaies matières premières, qui se retrouvent toujours en première ligne lorsque la croissance et les échanges mondiaux s'affaiblissent. Les plus fragilisées d'entre elles sont les dollars australien et canadien. e L'"aussie" est retombé de 0,80 cent pour un dollar à la mi-mars à 0,7650 hier, l'ampleur de son reflux étant évidemment encore plus sensible face au franc suisse ou à l'euro. Le "huard" a connu une trajectoire de baisse analogue, menaçant même hier de casser le support très solide de 0,80 cent US.

    Reste une devise à part, qui se tient aux aguets : la livre sterling. Monnaie à hauts rendements, puisqu'elle sert un taux d'intérêt de 4,75 %, elle est aussi la devise du G7 dont l'économie est la plus solide. La monnaie de Sa Majesté a franchi de nouveau le seuil de 1,90 dollar, tandis qu'elle cassait celui de 0,68 pour un euro, se hissant à son meilleur niveau depuis septembre

  • #2
    Là, il semble que la "spéculation" sur devises... Tu aimes !
    Certainement, c'est un marché à investir pour chaque "petit", comme nous !
    Il faudrait trouver un moyen d'en faire une PUB ......
    Car il y a beaucoup d'avantages par rapport au FCE (par ex) ou à d'autres produits dérivés.

    Commentaire


    • #3
      oui traderseul, on en parle samedi,
      C/C d'un document lu recemment :
      La spéculation
      Depuis Thalès de Milet jusqu'à Newton
      par Jocelyn Giroux
      L'Agora, vol 6, no 1
      Deux célèbres personnages étrangers au monde de la finance ont vécu, à plus de deux mille ans de distance, deux formes de spéculation aux antipodes de la spéculation boursière actuelle. Je vous propose, au gré de ma fantaisie, une petite réflexion sur le succès du premier et l'échec du second.

      Sept siècles avant Jésus-Christ, Thalès de Milet, géographe, mathématicien et philosophe grec, prédit un jour une grande récolte d'olives. Il loua à bas prix tous les pressoirs à huile de Milet et de Chios; le moment venu, la demande de pressoirs fut telle qu'il put les sous-louer avec une haute marge de profit. Cette fortune, il l'avait faite pour prouver à ceux qui le plaignaient d'être pauvre qu'il est facile de s'enrichir quand on le veut. Et il retourna tranquillement à ses études.

      L'anecdote plaît évidemment aux ignorants de mon espèce. Il est toujours de bon ton de mépriser ce qu'on ignore. C'est donc à regret que je concéderai aux économistes contemporains que la spéculation de Thalès n'est pas vraiment spectaculaire. Une gageure sur la productivité des oliviers à une époque où l'économie était simple, où il n'y avait ni libre échange, ni loi de l'offre et de la demande, ni idée de revenu national, ni spéculations internationales est loin de se comparer à la réussite d'un Warren Buffet qui, possesseur de 100,000 dollars en 1956 a spéculé avec tant de succès que sa fortune était évaluée à 33 milliards de dollars en juin dernier!

      Mais l'aventure de Thalès mérite autre chose qu'un clin d'oeil ironique aux sceptiques de son temps et du nôtre.

      Pour les anciens Grecs, l'économie était l'art de bien gérer sa maison et sa cité. Rien de plus, rien de moins. Aristote pensait que la richesse ne devait être que la limite atteinte pour le bien-être général. Il y a à ses yeux un art naturel d'acquérir des biens pour la communauté politique ou familiale et "la quantité suffisante d'une telle propriété en vue d'une vie heureuse n'est pas illimitée" (1). Aristote était très sévère à l'endroit de la spéculation, qui lui apparaissait comme un détournement des véritables fins de l'économie. Dante, féru d'Aristote, a bien résumé en quelques vers la critique de son maître à penser:

      L'usurier donc, qui prend une autre voie,
      Honnit Nature même et l'art qui en découle,
      Puisqu'autre part il met son espérance. (2)

      La richesse avait jadis une connotation morale. De nos jours, elle est réduite à l'indice du succès, succès illimité si possible. La frénésie spéculative est si ridicule que le grand économiste John Kenneth Galbraith écrivait récemment ces mots que n'aurait certes pas désavoués Aristote: "La hausse même des valeurs fait main basse sur la pensée, les capacités mentales de ceux qui en tirent profit. La spéculation achète, au sens strict de ce terme, l'intelligence de ceux qui s'y adonnent." (3)

      Par surcroît, comment ne pas être interpellé par cette idée de juste mesure, laquelle a imprégné toute la philosophie d'Aristote, au moment où des milliards d'humains, est-il besoin de le rappeler, ont à peine de quoi survivre, pendant que quelques individus gagnent en spéculant une somme plus considérable que le produit national brut d'une centaine de pays?

      Isaac Newton, moins chanceux que Thalès, a perdu beaucoup d'argent en 1720, lors du krach de la South Sea Company, ce qui lui fit dire, désabusé: "Je sais calculer les mouvements des corps pesants mais pas la folie des foules". À l'époque même où John Law sévissait en France, avec la bénédiction du Régent Philippe d'Orléans qu'il avait rencontré, dit-on, dans un tripot, la spéculation était à son sommet en Angleterre tant sur la South Sea Company que sur d'autres sociétés, comme celle-ci, plutôt inusitée, "destinée à promouvoir une entreprise extrêmement avantageuse mais qui doit demeurer ignorée de tous." (4)

      Cette anecdote est décidément déjà bien de notre temps. Le génial astronome avait-il raison d'imputer à la folie des foules sa cruelle aventure? L'autorité de ce grand esprit qui jouait avec la gravitation universelle ou le calcul différentiel et son scepticisme à l'égard du comportement des foules nous inclinent à lui donner raison. Mais l'aventure de Newton mérite plus qu'un coup d'oeil sceptique sur notre époque.

      À la fin de la journée, en ce 31 août 1998, l'indice Dow Jones de la Bourse de New-York a enregistré une baisse de 512 points. C'était en valeur absolue, la deuxième plus forte baisse de son histoire, après celle d'octobre 1997 où l'indice avait chuté de 554 points. En pourcentage, il y eut une chute de 22,6 % en 1987, ce qui était un peu moins que la très célèbre dégringolade de 1929. En fait, les krachs sont aussi vieux que la première grande spéculation qui se termina par un... krach en 1637. Fatalité? Déterminisme? Quand on explique la crise actuelle par les difficultés financières en Russie, par la crise asiatique, par l'imprudence des banquiers américains qui ont trop prêté à certains pays, par l'instabilité macro-économique, par des projections irréalistes de profits de certaines entreprises, a-t-on tout dit? En fait, un krach boursier serait l'équivalent, dans un modèle déterministe, de l'écrasement de la lune sur la terre en dépit de la gravitation universelle. Et c'est bien ce qui ennuyait notre pauvre Newton. La science actuelle, nous le verrons, pourrait peut-être le consoler.

      Le déterminisme tel qu'on le concevait encore très récemment est bien défini par le célèbre énoncé de Laplace: "une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans une même formule les mouvements des plus grands corps de l'Univers et ceux du plus léger atome. Rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir comme le passé serait présent à ses yeux". Le fait de connaître l'état d'un système permet de déterminer son état à un moment ultérieur. Tel est le déterminisme classique.

      Bien qu'Henri Poincarré ait entrevu le phénomène du chaos au début de ce siècle, ce n'est que dans les années 80 que mathématiciens et astronomes ont constaté que les mouvements des corps pesants, pourtant réguliers à l'échelle d'une vie humaine, sont chaotiques lorsque projetés sur des périodes de temps extrêmement longues. C'est ainsi qu'il est impossible de prédire la position de la terre autour du soleil à un moment précis, au-delà de cent millions d'années. Notez bien que cette imprécision ne me stresse guère mais elle est paradoxalement d'un grand intérêt pour la thérapie de Newton. Et voici pourquoi. Le mouvement des planètes, le plus beau symbole du déterminisme classique, se révèle chaotique. Or, l'image de régularité et d'ordre cosmique a imprégné la pensée occidentale depuis Platon. Il s'agit ici d'un bouleversement total de notre regard sur le monde. Il n'est pas étonnant par ailleurs que la science actuelle s'intéresse au chaos, un mot qui est peut-être le meilleur résumé de tout le XXe siècle. Mais la science du désordre peut être fort utile pour comprendre certains comportements humains et même... celui des cours de la bourse. Laissez-moi tout d'abord vous proposer un exemple anodin.

      Adolescent, j'accompagnais un jour un ami à une représentation du Bébé de Rosemarie, un superbe film de Roman Polanski. Voilà qu'au beau milieu d'une scène où la tension était terrible et les spectateurs crispés sur leurs sièges dans un silence oppressant, mon copain lâche un cri de mort. Des centaines de personnes se sont mises à crier en écho dans l'affolement le plus total, les lumières se sont allumées et le film s'est arrêté là, brusquement. Ces trois caractéristiques du chaos déterministe se retrouvent aussi dans les krachs boursiers; des effets qui n'ont aucune commune mesure avec la cause déclenchante, un ordre pouvant basculer à tout moment dans le désordre sous l'influence d'une cause mineure et l'impossibilité dans un tel système de connaître toutes les variables qui peuvent l'influencer.

      Depuis Newton, l'analyse des transactions boursières reposait sur une conception déterministe classique. La valeur d'une action était définie par la capacité d'une entreprise à faire des profits. Mais les scientifiques ont constaté d'étranges phénomènes de contagion dans les marchés financiers, un peu à l'image du désordre causé par l'intervention de mon ami au cinéma (5)

      Dans les rumeurs qui se propagent comme une contagion avec leurs effets d'intensification, de généralisation et de surspécification, ainsi que dans l'effet de foule chez les courtiers qui influencent les cours boursiers, indépendamment de la valeur réelle de l'action, on retrouve les caractéristiques du chaos déterministe (6)

      André Orléan, directeur de recherche au Centre National de Recherche Scientifique en France, a même dressé un parallèle entre les désordres boursiers et un modèle inspiré d'un phénomène physique des milieux désordonnés!

      Peut-être Newton pourrait-il aujourd'hui se consoler de la perte à la fois de son argent et de ses croyances en une parfaite régularité cosmique, en inversant son énoncé de la façon suivante: "Je sais calculer la folie des foules mais pas les mouvements des corps pesants!"

      Notes
      1. Aristote, La Politique, Éditions Flammarion 1990, p. 113
      2. La Divine Comédie, Éditions Garnier Frères, 1958, p. 60
      3. Brève Histoire de l'Euphorie Financière, Éditions du Seuil, 1992, p. 12
      4. John Kenneth Galbraith, L'argent, Éditions Gallimard, 1976, p. 65
      5. Lire à ce sujet André Orléan, «Les Désordres Boursiers», revue La Recherche, no 232, mai 1991, volume 22, p. 668 à 672
      6. Lydia Flem, Bouche Bavarde et Oreille Curieuse, «La Rumeur», Le Genre Humain, no 5, Librairie Arthème Fayard, 1982

      ___________________________________________...
      D'avance merci à tous ceux qui liront ce sujet, qui ne doit être que l'amorce d'un débat, sans tomber dans des chamailleries,
      MERCI
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      si quelqu'un a un avis sur le cable

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