Bien, je vais essayer de faire une réponse objective, sur un sujet que je connais un peu.
Je pense que le problème est beaucoup plus complexe que l'histoire des marges.....mais c'est vendeur en terme syndical,
comme je l'ai déjà écrit hier.
Le mal est plus profond,et les responsabilités partagées.
il fut un temps où certains empruntaient à 1.5% (prêt bonifié) et plaçaient leur emprunt à 8%...
il fut un temps où l'agriculture française s'est gavée avec les aides européennes de la PAC....
il fut un temps où les "primes" étaient l'argent de poche pour investir....
Ces aides représentent près de 35% du produit brut d'exploitation,
soit en schématisant avec précaution une moyenne de 40/50K euros pour une exploitation de 80 mères: attention les aides sont multiples et
il y a des variations individuelles.
La nouvelle PAC 2015 va entrainer une baisse des aides pour certains, d'autres seront gagnants: c'est env. 8 Milliards d'euros/an pour la France.
Mais aujourd'hui, il est clair que la situation s'est fortement dégradée et que beaucoup d'exploitations sont sur le fil du rasoir pour
ne pas dire plus, ce qui n'étaient pas le cas il y 20 ans.
A qui la faute?
En caricaturant, un éleveur ne supporte pas de payer de la MSA (cotis retraite, sécu..) et des impôts.
Ainsi, les bonnes années: le refrain classique, c'est: "j'ai vu le comptable: une horreur....la MSA à payer est énorme, et j'ai des impôts..."
Le système comptable et fiscal permet de gommer ceci par de l'investissement......
Les bonnes années, on a vu pousser les gros tracteurs dans les cours de fermes...mais la trésorerie est toujours faible.
Les mauvaises années, le gros tracteur est toujours là avec son annuité, mais pas la trésorerie.....
Cela fait des années que cela dure, mais à force de tirer sur la corde raide
....une réflexion sur la comptabilité agricole est nécessaire
Les mises aux normes des bâtiments d'élevages (constructions subventionnées à 40/60%) ont fait mal: toutes les exploitations
qui ont monté des stabulations sont ou ont été en situation financière délicate....
ceci a conduit à l'augmentation de la taille des cheptels, avec pour conséquence de nouveaux emprunts
.....piège vicieux, et des niveaux d'endettement autorisés parfois surprenant
La vente de broutards (veaux élevés sous la mère et au pré) vers l'Italie a été un moyen d'expansion exceptionnel pour nos élevages
(en partie grâce à l'argent de la Mafia, il faut l'avouer):
mais le marché italien s'essouffle,perte en partie comblée par l'Algérie et la Turquie,mais avec des animaux moins lourds
Au fils des années,cet élevage "facile" avec vente rapide (vs la production de boeuf) a conduit l'éleveur à prendre moins soins de ses pâtures,
et à s'orienter vers des cultures fourragères demandant beaucoup plus d'intrants et de matériel (ex: maïs),et à augmenter ses achats d'aliments dont les coûts
étaient raisonnables: ces dernières années les prix de ces fournitures ont augmentés....mais pas le prix du vif.....
Bilan: des exploitations avec des taux d'endettement importants, le tarif des fournitures qui augmentent constamment,
et un prix de vente qui n'évolue pas depuis des années....
=> cout de production en augmentation + prix de vente de la production stable = situation critique pour les exploitations avec des factures impayées
chez les fournisseurs
Attention avec les histoires de marges, perso, je trouve cet argument peu pertinent:
il ne faut pas oublier le poids de la ferme à l'assiette:
Un bovin allaitant de 750kg vif ,(cout de production en gras 350-400 euros/100kg en moyenne)
après abattage: = 400kg de carcasse
après préparation = 270kg de viande commercialisable avec 150kg de viande à cuisson rapide et 120kg à cuisson lente (braisé,pot au feu).
Pour faire plaisir au consommateur ou en son nom, les grands surfaces se livrent à une guerre des prix en préservant leur marge, avec si besoin importation
et c'est l'éleveur qui en subit les conséquences.
Alors que faire? trouver un accord pour le prix d'achat a l'éleveur est une chose, mais si on en reste là: ce sera un nouveau cataplasme sur une jambe de bois.
ex: 600 millions de report de charge ou de nouveaux emprunts
En France, on mange (euh vous...pas moi) surtout de la vache laitière de réforme...la filière allaitante n'est pas assez mise en avant.
Nos éleveurs charolais produisent de la viande de qualité avec une agriculture raisonnée assez proche du bio, mais pas payée à son juste prix,et
rarement mise en valeur par une maturation de durée satisfaisante.Le circuit court est une solution limitée.
Ils devront aussi être capable de remettre en cause certaines techniques fourragères: moins d'intrants et meilleur gestion de l'herbe (notre seule richesse).
Mais au final, c'est le consommateur qui décidera....tout en sachant que les filières viandes et même lait sont verrouillées par un ou deux groupes agro alimentaires
Je pense que le problème est beaucoup plus complexe que l'histoire des marges.....mais c'est vendeur en terme syndical,
comme je l'ai déjà écrit hier.
Le mal est plus profond,et les responsabilités partagées.
il fut un temps où certains empruntaient à 1.5% (prêt bonifié) et plaçaient leur emprunt à 8%...
il fut un temps où l'agriculture française s'est gavée avec les aides européennes de la PAC....
il fut un temps où les "primes" étaient l'argent de poche pour investir....
Ces aides représentent près de 35% du produit brut d'exploitation,
soit en schématisant avec précaution une moyenne de 40/50K euros pour une exploitation de 80 mères: attention les aides sont multiples et
il y a des variations individuelles.
La nouvelle PAC 2015 va entrainer une baisse des aides pour certains, d'autres seront gagnants: c'est env. 8 Milliards d'euros/an pour la France.
Mais aujourd'hui, il est clair que la situation s'est fortement dégradée et que beaucoup d'exploitations sont sur le fil du rasoir pour
ne pas dire plus, ce qui n'étaient pas le cas il y 20 ans.
A qui la faute?
En caricaturant, un éleveur ne supporte pas de payer de la MSA (cotis retraite, sécu..) et des impôts.
Ainsi, les bonnes années: le refrain classique, c'est: "j'ai vu le comptable: une horreur....la MSA à payer est énorme, et j'ai des impôts..."
Le système comptable et fiscal permet de gommer ceci par de l'investissement......
Les bonnes années, on a vu pousser les gros tracteurs dans les cours de fermes...mais la trésorerie est toujours faible.
Les mauvaises années, le gros tracteur est toujours là avec son annuité, mais pas la trésorerie.....
Cela fait des années que cela dure, mais à force de tirer sur la corde raide
....une réflexion sur la comptabilité agricole est nécessaire
Les mises aux normes des bâtiments d'élevages (constructions subventionnées à 40/60%) ont fait mal: toutes les exploitations
qui ont monté des stabulations sont ou ont été en situation financière délicate....
ceci a conduit à l'augmentation de la taille des cheptels, avec pour conséquence de nouveaux emprunts
.....piège vicieux, et des niveaux d'endettement autorisés parfois surprenant
La vente de broutards (veaux élevés sous la mère et au pré) vers l'Italie a été un moyen d'expansion exceptionnel pour nos élevages
(en partie grâce à l'argent de la Mafia, il faut l'avouer):
mais le marché italien s'essouffle,perte en partie comblée par l'Algérie et la Turquie,mais avec des animaux moins lourds
Au fils des années,cet élevage "facile" avec vente rapide (vs la production de boeuf) a conduit l'éleveur à prendre moins soins de ses pâtures,
et à s'orienter vers des cultures fourragères demandant beaucoup plus d'intrants et de matériel (ex: maïs),et à augmenter ses achats d'aliments dont les coûts
étaient raisonnables: ces dernières années les prix de ces fournitures ont augmentés....mais pas le prix du vif.....
Bilan: des exploitations avec des taux d'endettement importants, le tarif des fournitures qui augmentent constamment,
et un prix de vente qui n'évolue pas depuis des années....
=> cout de production en augmentation + prix de vente de la production stable = situation critique pour les exploitations avec des factures impayées
chez les fournisseurs
Attention avec les histoires de marges, perso, je trouve cet argument peu pertinent:
il ne faut pas oublier le poids de la ferme à l'assiette:
Un bovin allaitant de 750kg vif ,(cout de production en gras 350-400 euros/100kg en moyenne)
après abattage: = 400kg de carcasse
après préparation = 270kg de viande commercialisable avec 150kg de viande à cuisson rapide et 120kg à cuisson lente (braisé,pot au feu).
Pour faire plaisir au consommateur ou en son nom, les grands surfaces se livrent à une guerre des prix en préservant leur marge, avec si besoin importation
et c'est l'éleveur qui en subit les conséquences.
Alors que faire? trouver un accord pour le prix d'achat a l'éleveur est une chose, mais si on en reste là: ce sera un nouveau cataplasme sur une jambe de bois.
ex: 600 millions de report de charge ou de nouveaux emprunts
En France, on mange (euh vous...pas moi) surtout de la vache laitière de réforme...la filière allaitante n'est pas assez mise en avant.
Nos éleveurs charolais produisent de la viande de qualité avec une agriculture raisonnée assez proche du bio, mais pas payée à son juste prix,et
rarement mise en valeur par une maturation de durée satisfaisante.Le circuit court est une solution limitée.
Ils devront aussi être capable de remettre en cause certaines techniques fourragères: moins d'intrants et meilleur gestion de l'herbe (notre seule richesse).
Mais au final, c'est le consommateur qui décidera....tout en sachant que les filières viandes et même lait sont verrouillées par un ou deux groupes agro alimentaires
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