Jim Rogers, trader américain
"L'once d'or pourrait atteindre 1 000 dollars"
LE MONDE | 05.05.06 | 14h27 • Mis à jour le 05.05.06 | 14h27
Jim Rogers, 63 ans, a créé le fonds spéculatif Quantum avec George Soros en 1973, avant, fortune faite, de prendre sa retraite à 37 ans. Vingt ans plus tard - et deux tours du monde à moto et en voiture -, il est revenu sur les marchés financiers en créant, au sein de sa société Beeland, un fonds spécialisé sur les matières premières. Star aux Etats-Unis, il a été l'un des premiers, à la fin des années 1990, à prévoir une longue phase de hausse des cours des matières premières.
Au vu de l'envolée des cours, êtes-vous toujours aussi optimiste ?
Je n'ai pas changé d'avis. Les matières premières ont battu des records historiques, mais les records sont faits pour être battus. Cette hausse va continuer. L'once d'or pourrait atteindre 1 000 dollars (673,50 dollars, jeudi 4 mai). Dans le passé, la phase de hausse des cours des matières premières la plus brève a duré quinze ans et la plus longue vingt-trois ans. Si l'histoire est guide, la hausse du marché peut se prolonger jusqu'en 2014 ou en 2022.
Fondamentalement, ce qui me laisse penser que le cycle de hausse va se poursuivre c'est toujours la même théorie du déséquilibre entre l'offre et la demande. Du côté de l'offre, il n'y a pas de nouvel approvisionnement. Les réserves de pétrole sont en déclin, les mines de cuivre s'épuisent. Il n'y a eu qu'une seule mine de plomb ouverte en vingt-cinq ans. Personne n'a investi dans les capacités de production depuis un quart de siècle et c'est pour cela que l'offre diminue. Et face à cela la demande continue d'augmenter. C'est simple.
La hausse des taux d'intérêt dans le monde, et plus spécifiquement au Japon, ne risque-t-elle pas de déclencher un krach sur les marchés des matières premières ?
Chaque jour, 6 000 milliards de dollars (4 734 milliards d'euros) s'échangent sur le marché du pétrole. Les fonds spéculatifs (hedge funds), dont certains disent qu'ils rendent ces marchés risqués, ne peuvent pas les influencer, ni les manipuler. Car pour cela, il leur faudrait 3 000 milliards de dollars et l'industrie des fonds spéculatifs, dans son ensemble, pèse à peine 1 000 milliards. Alors, 3 000 milliards de dollars, personne ne les a.
Les hedge funds, qui empruntent de l'argent au Japon où les taux sont très bas, l'investissent ensuite, pour la plupart, dans les obligations des pays occidentaux, et très peu sur les marchés de matières premières.
Certes, il y aura certainement une correction sur les matières premières, comme dans toutes les grandes phases de hausse des marchés financiers, mais cela n'arrêtera pas la tendance.
A ceux qui trouvent les prix sur le marché du pétrole, du cuivre, beaucoup trop élevés et qui craignent un retournement du marché des matières premières, je leur dis : "Si vous pensez cela, pourquoi en parler à la presse ? Vendez tout."
L'un des arguments qui vous faisait aussi penser que les cours allaient progresser était le développement de départements sur les matières premières au sein des grandes banques internationales. Elles semblent aujourd'hui bien équipées. N'est-ce pas un signe que la fin de la hausse est proche ?
Vous trouvez vraiment que ce marché est beaucoup suivi ? Regardez par exemple le Wall Street Journal : il n'y consacre que 8 paragraphes, contre plusieurs pages pour les actions et les obligations. C'est la même chose pour le Financial Times. Il y a plus de 70 000 fonds investis en actions et en obligations contre moins de 10 000 pour les matières premières. Cette catégorie de placements va continuer à se développer et renforcer la hausse du marché.
Quels seront les signes montrant que le cycle de hausse des cours est arrivé à son terme ?
Un jour, on produira davantage de pétrole qu'on en consommera ; on extraira plus de cuivre qu'on en aura besoin ; il y aura quantité de fonds d'investissement sur les matières premières. Un jour, cela arrivera, mais cela prendra du temps. En 2019, peut-être. Nous regarderons alors cela plus précisément.
Propos recueillis par Cécile Prudhomme
"L'once d'or pourrait atteindre 1 000 dollars"
LE MONDE | 05.05.06 | 14h27 • Mis à jour le 05.05.06 | 14h27
Jim Rogers, 63 ans, a créé le fonds spéculatif Quantum avec George Soros en 1973, avant, fortune faite, de prendre sa retraite à 37 ans. Vingt ans plus tard - et deux tours du monde à moto et en voiture -, il est revenu sur les marchés financiers en créant, au sein de sa société Beeland, un fonds spécialisé sur les matières premières. Star aux Etats-Unis, il a été l'un des premiers, à la fin des années 1990, à prévoir une longue phase de hausse des cours des matières premières.
Au vu de l'envolée des cours, êtes-vous toujours aussi optimiste ?
Je n'ai pas changé d'avis. Les matières premières ont battu des records historiques, mais les records sont faits pour être battus. Cette hausse va continuer. L'once d'or pourrait atteindre 1 000 dollars (673,50 dollars, jeudi 4 mai). Dans le passé, la phase de hausse des cours des matières premières la plus brève a duré quinze ans et la plus longue vingt-trois ans. Si l'histoire est guide, la hausse du marché peut se prolonger jusqu'en 2014 ou en 2022.
Fondamentalement, ce qui me laisse penser que le cycle de hausse va se poursuivre c'est toujours la même théorie du déséquilibre entre l'offre et la demande. Du côté de l'offre, il n'y a pas de nouvel approvisionnement. Les réserves de pétrole sont en déclin, les mines de cuivre s'épuisent. Il n'y a eu qu'une seule mine de plomb ouverte en vingt-cinq ans. Personne n'a investi dans les capacités de production depuis un quart de siècle et c'est pour cela que l'offre diminue. Et face à cela la demande continue d'augmenter. C'est simple.
La hausse des taux d'intérêt dans le monde, et plus spécifiquement au Japon, ne risque-t-elle pas de déclencher un krach sur les marchés des matières premières ?
Chaque jour, 6 000 milliards de dollars (4 734 milliards d'euros) s'échangent sur le marché du pétrole. Les fonds spéculatifs (hedge funds), dont certains disent qu'ils rendent ces marchés risqués, ne peuvent pas les influencer, ni les manipuler. Car pour cela, il leur faudrait 3 000 milliards de dollars et l'industrie des fonds spéculatifs, dans son ensemble, pèse à peine 1 000 milliards. Alors, 3 000 milliards de dollars, personne ne les a.
Les hedge funds, qui empruntent de l'argent au Japon où les taux sont très bas, l'investissent ensuite, pour la plupart, dans les obligations des pays occidentaux, et très peu sur les marchés de matières premières.
Certes, il y aura certainement une correction sur les matières premières, comme dans toutes les grandes phases de hausse des marchés financiers, mais cela n'arrêtera pas la tendance.
A ceux qui trouvent les prix sur le marché du pétrole, du cuivre, beaucoup trop élevés et qui craignent un retournement du marché des matières premières, je leur dis : "Si vous pensez cela, pourquoi en parler à la presse ? Vendez tout."
L'un des arguments qui vous faisait aussi penser que les cours allaient progresser était le développement de départements sur les matières premières au sein des grandes banques internationales. Elles semblent aujourd'hui bien équipées. N'est-ce pas un signe que la fin de la hausse est proche ?
Vous trouvez vraiment que ce marché est beaucoup suivi ? Regardez par exemple le Wall Street Journal : il n'y consacre que 8 paragraphes, contre plusieurs pages pour les actions et les obligations. C'est la même chose pour le Financial Times. Il y a plus de 70 000 fonds investis en actions et en obligations contre moins de 10 000 pour les matières premières. Cette catégorie de placements va continuer à se développer et renforcer la hausse du marché.
Quels seront les signes montrant que le cycle de hausse des cours est arrivé à son terme ?
Un jour, on produira davantage de pétrole qu'on en consommera ; on extraira plus de cuivre qu'on en aura besoin ; il y aura quantité de fonds d'investissement sur les matières premières. Un jour, cela arrivera, mais cela prendra du temps. En 2019, peut-être. Nous regarderons alors cela plus précisément.
Propos recueillis par Cécile Prudhomme
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